L’ingénieur André Coyne, figure majeure de l’ingénierie hydraulique française du XXe siècle, est à l’origine de nombreux barrages emblématiques à travers le monde. Né en 1891, diplômé de l'École Polytechnique, il s’est spécialisé dans la conception de barrages-voûtes, conjuguant élégance technique et efficacité. Parmi ses réalisations majeures figure le barrage de Marèges, mis en service en 1935 sur la Haute Dordogne. Ce fut l’un des premiers grands barrages français en béton voûte, et un modèle d’innovation pour son époque. Coyne y expérimenta des techniques inédites pour l’époque, comme la vidange de fond à jet creux ou l’appui sur culées mobiles, qui influenceront les réalisations futures à travers le monde. Le belvédère de Marèges, qui surplombe l’ouvrage, offre un point de vue spectaculaire sur ce chef-d'œuvre d'ingénierie et son environnement naturel remarquable.
Les gorges de la Haute Dordogne, creusées au fil des millénaires par le fleuve, offrent un relief escarpé et sauvage qui confère au site une majesté naturelle unique. Ces paysages, façonnés par l’eau et le temps, ont justifié l’inscription de la vallée de la Dordogne au réseau mondial des Réserves de biosphère de l’UNESCO en 2012. Le barrage de Marèges, tout comme ceux de l’Aigle, de Bort-les-Orgues, de Chastang ou d’Argentat, ponctue la vallée et témoigne de l’ère de l’hydroélectricité triomphante, amorcée dès l’entre-deux-guerres. L’aménagement de ces barrages a profondément transformé la vallée, tant du point de vue écologique que socio-économique, tout en jouant un rôle fondamental dans la production énergétique du pays. Ils constituent aujourd’hui un patrimoine technique et paysager, où la nature et l’industrie coexistent dans un équilibre fragile.
Durant la Seconde Guerre mondiale, la vallée de la Dordogne fut un lieu stratégique. Le barrage de Marèges, tout comme celui de l’Aigle, intéressait particulièrement les forces d’occupation pour leur potentiel énergétique. Les installations étaient protégées par la Résistance qui y mena des actions de sabotage pour en empêcher l’exploitation par l’ennemi. Après la guerre, la gestion des ouvrages fut reprise et consolidée. Aujourd’hui, le barrage de Marèges est exploité par la Société Hydro-Électrique du Midi (SHEM), filiale d’Engie, qui veille à la production d’énergie renouvelable tout en préservant le patrimoine naturel. SHEM investit également dans la valorisation touristique des sites, comme en témoigne l’aménagement du belvédère de Marèges, qui permet aux visiteurs de découvrir l’histoire technique, humaine et naturelle de ce lieu d’exception. Le site incarne ainsi un pont entre mémoire industrielle, paysage protégé et avenir énergétique durable.
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