La grotte de Noailles, située à environ 7 kilomètres au sud de Brive, en Corrèze, est un abri sous roche creusé dans les dépôts gréseux du Trias, en bordure de la rivière Couze, un petit affluent de la Vézère. Installée à environ 200 mètres d’altitude, elle s’ouvre au nord-nord-est. Visible depuis la route départementale qui longe la vallée, elle reste néanmoins un lieu privé, non accessible au public. Découverte en 1879, la grotte fut fouillée pour la première fois en 1903 par les abbés L. Bardon et J. et A. Bouyssonie. Ces derniers mirent au jour un type d’outil inédit, baptisé burin de Noailles, qui devint un fossile directeur du Gravettien moyen, période du Paléolithique supérieur datée entre 25 000 et 27 000 ans avant le présent. À cette époque, le bassin de Brive concentrait près d’une quarantaine de sites préhistoriques. À Noailles, six foyers ont été identifiés dans les couches archéologiques, accompagnés d’une industrie lithique dense. Plusieurs traditions culturelles ont été relevées, notamment un Aurignacien récent, un Gravettien sans burin, un Gravettien à burins de Noailles, et des traces de Solutréen.
En 2008, des sondages ont permis de tester le potentiel du site, révélant des couches archéologiques intactes, épargnées par les fouilles anciennes. Une campagne programmée a ensuite été lancée à l’été 2010 avec une équipe de chercheurs et d’étudiants bénévoles. Ces fouilles ont mis en évidence des structures de combustion gravettiennes complexes, avec des dépôts sédimentaires très fins et stratifiés. Des prélèvements micromorphologiques ont été effectués pour être analysés en laboratoire. Ces analyses ont révélé une succession de foyers et de niveaux d’occupation humaine. On y observe la présence de phytolithes brûlés ou fondus, signes de la combustion d’herbes à haute température. Dans le secteur Est de la cavité, un sondage a permis de découvrir un niveau archéologique intact contenant des silex taillés et des ossements attribuables à un Gravettien ancien. Des stries de boucherie sur certains os indiquent une activité de découpe. Ces éléments sont particulièrement précieux, car les sites bien conservés de cette période sont très rares en France et plus largement en Europe occidentale.
En août 2017, une nouvelle campagne de fouille a été organisée pour approfondir ces recherches. Elle a mobilisé neuf spécialistes (géologue, micromorphologue, palynologue, archéozoologue, topographe, etc.) et six étudiants en archéologie préhistorique. Les objectifs étaient de compléter l’étude des secteurs encore intacts, de mieux comprendre l’organisation spatiale des foyers et d’expérimenter une méthode innovante : la mesure de la susceptibilité magnétique. Cette technique permet de détecter d’éventuelles structures de combustion enfouies, non repérables par les méthodes traditionnelles. L’ensemble des travaux réalisés depuis 2008 a permis de confirmer le caractère exceptionnel du site de Noailles, à la fois par la richesse de ses vestiges, la qualité de sa stratigraphie et sa contribution unique à la connaissance du Gravettien ancien dans le sud-ouest de la France.
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