Au cœur des solitudes boisées de Clédat, la fontaine Sainte-Madeleine demeure un témoignage émouvant du dialogue entre les croyances anciennes et la ferveur chrétienne. Bien avant la christianisation, les Celtes attribuaient aux sources des vertus sacrées, voyant en elles des lieux de guérison et de protection. Lorsque l'Église s'empara de ces pratiques, elle transforma ces sanctuaires naturels en lieux de pèlerinage associés à des saints. La fontaine de Clédat, réputée pour soigner les maladies de peau, attira ainsi de nombreux fidèles jusqu'en 1954. Une légende évoque même l'existence d’une léproserie non loin du village, bien que cette hypothèse ne soit pas confirmée. Pourtant, le nom du lieu-dit « La Malatie », à trois kilomètres de Clédat, semble suggérer qu’autrefois, des malades venaient y chercher du réconfort. L’eau de cette source, perçue comme un remède autant pour le corps que pour l’âme, renforçait ainsi l’importance de la dévotion à Sainte-Madeleine, dont la compassion était invoquée par les souffrants et les mourants.
La sainte à qui l'on dédia la chapelle de l’hospice de Clédat, dès le XIIe siècle, jouissait d'une immense vénération. Associée à la repentance et à la guérison, elle était souvent représentée avec un crâne, symbole des vanités, et un pot d’onguent rappelant sa présence auprès du Christ lors de sa mise au tombeau. Son culte se répandit en France grâce aux moines de Vézelay, persuadés d’avoir retrouvé ses reliques. Ainsi, plusieurs chapelles et églises, dont celle de Clédat, furent placées sous son patronage. Lorsque l’hospice perdit son rôle et que la paroisse de Clédat fut rattachée à Grandsaigne en 1676, le culte de la sainte perdura. L’importance de la fontaine comme sanctuaire guérisseur permit aux traditions de survivre, attirant malades et pèlerins. La messe de Sainte-Madeleine, célébrée le 22 juillet, resta un rendez-vous incontournable jusqu'à la disparition progressive du village, marquée par le départ des derniers habitants en 1963 et le transfert des statues de la sainte vers l’église de Grandsaigne.
Clédat porte en lui l’héritage d’un temps où la foi et la nature ne faisaient qu’un. La fontaine, vestige d’un passé où l’eau était synonyme de purification et de miracle, fut un pont entre le paganisme celte et la spiritualité chrétienne. L’histoire de Sainte-Madeleine elle-même reflète cette transition, passant de femme de savoir et de liberté à figure de pénitente isolée dans une grotte, dépouillée de tout sauf de sa chevelure légendaire. Ce culte, en absorbant les anciennes croyances liées aux fées et aux divinités des sources, permit à Clédat de conserver son aura mystique bien au-delà de l’existence de ses habitants. Aujourd’hui, si les prières ont cessé et que la nature a repris ses droits, le souvenir de cette fontaine miraculeuse demeure, inscrivant Clédat dans une mémoire collective où le sacré et la terre ne cessent de dialoguer.
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