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Monuments historiques

Balade dans Brive-la-Gaillarde

19100 - Brive-la-Gaillarde

CD231


La ville de Brive s'est développée autour d'un coeur historique au tissu urbain médiéval serré, qu'est venu ceinturer un boulevard circulaire planté de grands arbres et bordé de jardins "urbains" publics et privés. Le site comprend cet unique exemple de ceinture verte en Limousin - boulevard et jardins voisins - ainsi que plusieurs places s'y accrochant. La place Krùger et le parc Monjauze, espaces urbains dissociés de ce premier ensemble, ont été protégés antérieurement aux boulevards, par simple inscription dans les années 1940, mais ont perdu de leur intérét après de considérables transformations.

Le boulevard circulaire - au point de vue toponymique, constitué de plusieurs boulevards [Koenig, de Puyblanc, du Salan, Anatole-France, Jules-Ferry, édouard-Lachaud) - permet de lire le tracé des anciennes fortifications qui protégeaient le coeur de la cité gaillarde, lui-méme bâti autour d'un prieuré, devenu collégiale, à l'emplacement supposé du tombeau de saint Martin. Sa création s'inscrit dans un contexte de grands travaux d'urbanisme entrepris aux XVIIIe et XIXe siècles, afin de remodeler le centre historique. En 1730, sous l'intendance de Tourny Joseph Dubois, maire de la ville et grand voyer de France, conduit la démolition de l'enceinte et projette son remplacement par une promenade plantée et aménagée sur les glacis. En 1734, il fait combler les fossés au pied des remparts construits au début du XIVe siècle avec créneaux, mâchicoulis, et percés de sept portes. Cinquante ans plus tard, en 1783, sur la base de plans d'urbanisme successifs, la promenade plantée - initialement avec des ormeaux, puis avec des platanes au cours du XIXe siècle - est créée sur l'ancienne enceinte. A partir de 1792, une prescription impose un alignement des constructions nouvelles sur le tracé des remparts.

Le recul des façades autorisant la présence de jardins privés et l'obligation d'une limite en bord de promenade avec un muret bas surmonté d'une claire-voie - souvent une grille en fer forgé - imposée à partir de 1837 ont grandement conforté l'impression de boucle verdoyante: au premier plan, des élégants hôtels particuliers ou maisons de ville des XVIIe et XVIIIe siècles, les jardins privés, bien souvent foisonnants, plantés d'essences ornementales - cèdres, magnolias, catalpas, marronniers ou encore mûriers -parfois exotiques ou méridionales, notamment des palmiers et chénes verts, donnent au boulevard des airs de cité-jardin. Deux édifices particulièrement remarquables sont construits au bord des boulevards : le musée Labenche - musée de la ville et classé au titre des monuments historiques en 1886 - dont les jardins présentent des traces de fortifications et le musée Ernest Rupin - inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1927 - qui porte le nom d'un érudit local. Dans l'axe des grandes avenues qui rayonnent depuis les boulevards, quelques échappées visuelles ouvrent la ville sur des horizons lointains. Le boulevard avait une destination piétonne et une vocation de lien urbain et social. Avec ses 20 mètres de large, il procurait par cette amplitude confortable une impression d'espace qui complétait bien le tissu urbain serré du coeur de ville. C'était un lieu de promenade qui pouvait se prolonger dans plusieurs squares voisins. Construits à l'emplacement du couvent des Cordeliers, édifié au XIIIe siècle sur la route de Turenne, et de l'Hôpital général fondé au XVIIe siècle, les squares Auboiroux et Boudy aujourd'hui situés en arrière-plan de deux vastes places dédiées au stationnement (places de Lattre-de-Tassigny et Winston-Churchill) - prolongent le caractère verdoyant du boulevard. Quelques arbres remarquables, dont un anneau de tilleuls entourant un cèdre, un magnifique tulipier et des marronniers rouges, ponctuent une vaste pelouse dans le square Auboiroux, tandis que le square Boudy est un jardin plus fleuri qui abrite une sculpture allégorique du printemps, réalisée par Félix Benneteau-Desgrois (1879-1963), et un mail de mûriers. Tous deux s'inscrivent à la rencontre des grandes places et d'un quartier résidentiel façonné au début du XXe siècle par des prescriptions urbanistiques inspirées de celles du boulevard: belles façades alignées avec d'élégants jardins urbains privés - méme transparence -, suivies d'allées piétonnes bordées ici de tilleuls. Entre les deux jardins clos, le square Scamaroni s'ouvre sur le boulevard à l'ombre de quelques magnifiques platanes peu taillés. Au nord-ouest du boulevard, près du lycée d'Arsonval, la place du 15 août 1944, un cours et une avenue plantés d'une quarantaine de platanes remarquables conduits en chandeliers font également partie du site. D'une notable continuité à l'origine, le boulevard se distingue encore par ses lignes de grands platanes - plus de 120 sujets -, généralement conservés de part et d'autre de la chaussée. La taille très sévère de la partie aérienne leur donne cependant une silhouette peu harmonieuse. Ceux qui voisinent le lycée d'Arsonval ont une silhouette beaucoup plus élégante. Au nord, les alignements sont discontinus et le boulevard se rétrécit fortement. Les jardins compris dans le périmètre du site sont parfois très dégradés: minéralisation pour créer un parking, constructions parasites, suppression des murets, obturation des claires-voies, notamment avec des affichages publicitaires. La place réservée aux véhicules, aussi bien sur les voies de circulation que pour les places de stationnement, a considérablement affaibli l'impression d'ouverture. Malgré des trottoirs souvent larges et le voisinage de jardins urbains ornant de belles demeures, le boulevard a perdu sa fonction de promenade, de méme que son caractère spacieux et paisible: flux automobile important, nuisance sonore, forte présence des véhicules. L'aménagement récent de la place Anatole-France, dépourvue de bancs, ne remédie pas à cette perte de vocation. Le square Auboiroux a subi plusieurs transformations dont les plus récentes ont consisté à remplacer des massifs fleuris, entourés de larges surfaces minérales, par de grandes pelouses. Les deux autres espaces urbains inclus dans le site protégé ne sont plus ou peu identifiables: si la place Kruger, anciennement place Bourbon et actuellement place Latreille, a gardé ses intéréts historiques grâce aux bâtiments qui la bordent notamment la maison à tourelles ou Tour des Echevins, classée au titre des monuments historiques depuis 1889.

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