Le milieu tourbeux est particulièrement fragile. Longtemps maintenu par les pratiques agricoles traditionnelles, cet écosystème s'est retrouvé en danger suite à l'abandon de ces usages populaires au cours du XXe siècle. Les zones tampons entre les puys et la tourbière, dont la végétation caractéristique était la lande sèche à bruyères, fougères, genêts et myrtilles pour les parties élevées, ou la lande humide à molinie, se sont progressivement enfrichées par abandon du pâturage, ou brutalement boisées par des plantations forestières artificielles, jusqu'en limite de tourbière et même dans la tourbière. Le secteur de la Bessade, par exemple, situé dans la forêt domaniale du Longeyroux, a été drainé et planté en épicéas de Sitka, sans grand succès d'ailleurs.
Cette forét domaniale, gérée par l'Office national des foréts (ONF), forme un massif continu de 180 ha, comprenant les parcelles du puy du Longeyroux et du Champ de la Bessade. Elle se compose pour l'essentiel de plantations de résineux épicéa commun, épicéa de Sitka, douglas, sapin pectine. Le reboisement des landes est le principal danger pour le site. Depuis plusieurs années cependant, l'ONF a infléchi sa gestion et respecte ces écosystèmes tourbeux, par ailleurs non adaptés à une production sylvicole. Sur les parties anciennement agricoles, le Conservatoire des espaces naturels du Limousin a procédé à des acquisitions foncières dans le cadre d'un programme européen LIFE "Tourbières de France". Des plans de gestion ont été établis, suivis de travaux de restauration tels gué bûcheronnage, débroussaillage, pose de clôture pour réinstaller des troupeaux ou encore création de "gouilles" - c'est-à-dire des trous creusés dans la tourbe pour maintenir des zones en eau nécessaires à certaines espèces de flore et de faune. La tourbière du Longeyroux est accessible depuis la Bugeat, Millevaches ou Saint-Merd-les-Oussines.
Plusieurs sentiers sillonnent le site mais les zones tourbeuses peuvent étre dangereuses. L'accès au coeur de ces formations exceptionnelles est cependant rendu possible par deux sentiers de découverte récemment créés, au départ d'un parking situé le long de la D109, au nord de Celle. Le sentier de la Linaigrette, long de 1 km seulement, permet de découvrir la richesse et le fonctionnement des tourbières. Le sentier de la Bruyère parcourt, sur 9 km, les franges de la tourbière, ses landes sèches et boisées. Le site est aussi accessible à pied depuis Saint-Merd-les-Oussmes par un itinéraire de randonnée de 16 km qui dessert également le site gallo-romain des Cars, ou via une autre randonnée de 17 km, partant du mont Bessou et longeant les sources de la Vézère. II ne faut pas hésiter à revenir en toutes saisons, tant les s couleurs du ciel comme celles des végétaux marquent le paysage. Au printemps, la linaigrette blanchit la tourbière de ses fleurs d'ivoire; en été, le ciel bleu vivifie le vert des graminées; à l'automne, les bruyères violettes enflamment les landes; et les ciels changeants d'hiver illuminent ou assombrissent les herbes jaunies. Un récit populaire attribue à la tourbière du Longeyroux, et plus précisément aux Cent Pierres, l'origine du nom de "Millevaches". Il existait, il y a bien longtemps, aux abords de cette grande tourbière, un château entouré de fermes et de pâturages. Le seigneur, arrogant, ne portait aucune attention aux gens de peu. Un jour d'orage, un vieil homme vint demander asile: le châtelain le renvoya impitoyablement. Conspué par tous, il avertit : "Je m'en vais, mais un jour, vous serez châtié pour votre méchanceté ! " Les saisons passèrent, puis revint le temps des orages. Ce jour-là, le tonnerre fut plus assourdissant que d'habitude, et les éclairs plus aveuglants. Il frappa et frappa encore le champ où paissaient les troupeaux que les bergers n'avaient pas eu le temps de mettre à l'abri. Et les vaches se transformèrent en pierre, une à une... Bientôt, la lande se couvrit de mille pierres, ou " millevaches", et château et fermes disparurent à jamais. Gaston Vuillier (1845-1915), "créateur" des cascades de Gimel (voir p. 12), laissa de nombreux témoignages sur les paysages et les légendes de la Corrèze. Celui qui suit, tiré de Chez les magiciens et les sorciers de la Corrèze publié en 1899, dépeint vraisemblablement la tourbière du Longeyroux. Aprés cette visite au château ruiné [à Saint-Merd], nous fuyons le plateau de Millevaches sous un ciel bas et lourd, par un vent froid, à travers un paysage monotone fait d'une succession de mamelons dénudés couverts de bruyères mortes et d'ajoncs épineux. Et dans le fond du val glacé coule la Vézére chétive, dont la source est voisine, ruisseau désert, rayé ça et là de luisants d'acier, fuyant sur un lit de cailloux fauves en exhalant quelques plaintes. De loin en loin, sur les bords, se tordent quelques aulnes rabougris secoués par la bise des hauteurs. Sur les pentes, des bouleaux groupés, mélant leurs chevelures frissonnantes, se penchent les uns sur les autres, pour se soutenir et s'entraider, il semble, comme s'ils redoutaient des dangers, la végétation voudrait vivre sur ce sol qui ne peut la nourrir, elle lutte éperdue contre les vents, le froid et la misère. Et quels drames traversent à tout instant le ciel! Poursuites farouches, étreintes des nuées qui roulent d'un bord à l'autre de l'horizon et retombent de toutes parts déchirées, pantelantes."
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