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Rivières & Plans d'eau

La perte de la Couze et sa vallée sèche

19600 - Noailles

CD471 -


Un lieu magique, une situation unique et un phénomène étrange. On a perdu notre ruisseau ici ! Mais où est-il donc parti le chenapan ? Tout commence au nord du village de Jugeals-Nazareth, où la Couze serpente paisiblement à travers les grès du Permien. La vallée qui l’accueille semble ordinaire, mais en s’approchant du Pont de Couze, un détail intrigue : le ruisseau disparaît. Là, sous nos yeux, l’eau s’engouffre dans une cavité karstique, avalée par les profondeurs du massif calcaire du Jurassique moyen. Plus de ruisseau en surface, juste un lit asséché qui témoigne de son ancienne course. La faille de Meyssac a ouvert un passage secret, invisible à l’œil nu, où l’eau poursuit son voyage en silence. Pourtant, ce n’est pas la fin de l’histoire, mais le début d’un mystère qui intrigue géologues et aventuriers depuis des décennies.

En 1977, Michel Verlhac décide de percer ce mystère. Avec une équipe de spéléologues, il explore les entrailles de la Couze, se faufilant à travers des siphons encombrés de branchages et des galeries étroites. Le 28 août de cette année-là, il franchit pour la première fois le siphon principal, révélant un réseau souterrain de plus de 1500 mètres. En quelques mois, la progression se poursuit à force de désobstructions et de patience. Le passage est exigeant : une galerie de 60 mètres exondée, un siphon toujours actif et un boyau boueux de 30 mètres pour éviter l’entrée principale. Une fois dans le réseau, la rivière souterraine coule dans une galerie de cinq mètres de haut sur trois de large. Plus loin, la progression devient plus ardue, avec des passages en cascadant, des galeries semi-actives et des labyrinthes corrodés où chaque pas peut mener à une impasse. À chaque exploration, le réseau s’étend, dévoilant des intersections complexes et des siphons inviolables. Malgré des tentatives répétées, le siphon terminal reste infranchissable, laissant planer une part d’inconnu.

Mais où réapparaît donc la Couze ? Après un voyage clandestin sous terre, elle resurgit enfin au Blagour du Soulier, un gouffre noyé à environ trois kilomètres de sa perte. Là, l’eau refait surface, comme par enchantement, après avoir parcouru un itinéraire invisible, sculpté par le temps et l’érosion. Entre la côte +200m et la côte +130m, elle a creusé une vallée fossile, témoin d’une époque où elle coulait librement en surface. Aujourd’hui, ce parcours souterrain, long de plus de 5000 mètres, est un défi permanent pour les spéléologues et un trésor caché pour les amateurs de nature et de mystères géologiques. La Couze, insaisissable et fascinante, continue d’alimenter l’imaginaire de ceux qui la croisent, rappelant que sous nos pieds, d’autres mondes existent, loin du regard mais jamais hors d’atteinte.

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