La gare de Lafage-sur-Sombre, modeste mais emblématique, est un témoin précieux de l’histoire du Transcorrézien, plus affectueusement surnommé le « Tacot ». Située au sud du village, elle faisait partie des quinze haltes de cette ligne de tramway à vapeur à voie métrique qui reliait Tulle à Ussel, en traversant les paysages accidentés de la Haute-Corrèze. Inaugurée en 1913, cette ligne a longtemps représenté un lien vital entre les communes rurales et les centres urbains. La gare de Lafage, dotée d’un guichet, d’un hangar et d’un quai de déchargement, contribuait au dynamisme local en facilitant le transport de voyageurs, de bétail, de bois de chêne, de pin ou encore de châtaignier. Grâce à ce réseau, les habitants pouvaient se rendre aux foires, assister à des pèlerinages ou participer aux mariages dans les communes voisines. En période de guerre, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale, le Tacot fut également un atout pour les actions de la Résistance. Aujourd’hui restaurée, la petite gare témoigne de ce passé ferroviaire à la fois modeste et héroïque, et se dresse comme un point de départ privilégié pour découvrir les traces encore visibles de cette ligne oubliée.
Le Transcorrézien, avec ses 734 courbes et ses nombreux ponts enjambant les rivières comme la Luzège ou la Triouzoune, offrait un parcours sinueux et audacieux à travers les vallées escarpées. Si le viaduc de Lantourne est aujourd’hui devenu un pont routier, celui des Rochers Noirs, long de 170 mètres et perché au-dessus de la Luzège, a été intégralement restauré pour accueillir les randonneurs et cyclistes depuis fin 2024. Le tracé du Tacot, transformé en sentiers pédestres, invite désormais à une redécouverte du patrimoine à travers une randonnée douce et immersive. À Lafage, la proximité de la nature, les murmures du ruisseau La Sombre et la silhouette discrète de l’ancienne voie ferrée évoquent encore le passage de ce petit train, autrefois si attendu. Le syndicat mixte des itinéraires du Transcorrézien, installé à Espagnac, œuvre activement à la conservation de cette mémoire ferroviaire en valorisant les gares, les vestiges ferroviaires et les itinéraires de randonnée qui leur sont liés. C’est ainsi que la gare de Lafage, entre Marcillac-la-Croisille et Saint-Hilaire-Foissac, continue de raconter cette épopée à ceux qui prennent le temps de s’y arrêter.
Au-delà de la gare, le patrimoine de Lafage-sur-Sombre ne manque pas de charme. La citerne d’eau restaurée, installée en lisière de bois à l’est du village, permettait autrefois d’alimenter en eau les locomotives Piguet 030T, notamment avant les côtes. Alimentée par un ruisseau voisin, elle représentait une infrastructure indispensable au bon fonctionnement du Tacot, dont le trajet complet durait parfois jusqu’à treize heures. L’église romane du XIIIe siècle, avec son clocher à peigne, rappelle quant à elle les racines religieuses du village, autrefois dépendant de l’abbaye de La Chaise-Dieu. Juste en face, un rare oratoire-auvent conserve la mémoire des anciens prêtres inhumés aux abords de l’église. Ce petit ensemble, composé de l’église, de l’oratoire, de la citerne et de la gare, compose aujourd’hui un patrimoine rural cohérent et touchant, témoignant de la vie quotidienne d’un village corrézien au XXe siècle. À travers ces vestiges, Lafage-sur-Sombre nous parle d’un autre temps, où le train ne faisait pas que relier les lieux, mais rapprochait aussi les gens.
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GPS PARKING
Latitude : 45.294286 - Longitude: 2.071953
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