À une vingtaine de kilomètres au sud-est de Brive, le village de Collonges-la-Rouge se niche à la lisière des plateaux limousins, face au Quercy. Ce site remarquable de plus de 600 hectares s’est constitué en plusieurs étapes : une première inscription en 1942, étendue en 1973, puis renforcée par un classement en 1996. L’ensemble du territoire protégé englobe le bourg médiéval, les coteaux, les noyeraies, les vergers, les bois et les fermes alentour. Le village s’insère dans un paysage quercynois aux accents méditerranéens, où les champs en terrasse, les murets de pierres sèches, les chênaies, les taillis de châtaigniers et les haies dessinent un maillage harmonieux. La présence d’un sol mêlant calcaire et grès rouge a influencé l’architecture locale, avec des maisons aux murs rouges ponctués de calcaire, coiffées d’ardoises de Corrèze. Cette couleur singulière, rehaussée par la végétation généreuse des treilles et des jardins clos, crée un camaïeu vibrant de rouges et de verts. Le petit ruisseau de Collonges-la-Rouge, malgré son débit modeste, trace dans le vallon un ruban boisé qui souligne la relation intime entre le bourg et son environnement naturel.
Dominé par le puy de Valège au nord et encadré par des collines calcaires, le site présente une organisation topographique en amphithéâtre naturel. À l’ouest, le puy de Vésy marque la frontière avec le vallon de Ligneyrac ; à l’est, une éminence calcaire trace la limite avec Meyssac, tandis qu’au sud, le vallon s’ouvre vers le Lot. Cette configuration, fermée sur trois côtés, a déterminé les contours du périmètre protégé. Les sols argilo-calcaires y nourrissent prairies, vergers et vignobles, entrecoupés de buissons de genévriers, de garrigue et de bruyères. Le paysage est structuré par les éléments traditionnels de la ruralité : murets, haies, petites unités agricoles et hameaux comme La Souteyne ou Le Chastanet. De grandes maisons isolées, témoins d’une agriculture prospère, parsèment aussi les abords : La Bertine-Haute, La Serre ou Le Treuil. Depuis les hauteurs, les vues sont saisissantes, notamment depuis le site de La Côte, qui offre un vaste panorama sur la vallée de la Dordogne, les plaines du Lot et les monts du Cantal. Ce point d’observation, bien que peu aménagé, mériterait une valorisation plus affirmée tant il révèle l’ampleur et la richesse du site.
Collonges-la-Rouge est un village à l’architecture exceptionnelle, fruit d’un passé florissant lié à la vicomté de Turenne et au commerce du vin et de l’huile de noix. Dès le XVe siècle, le bourg devient une ville fortifiée, siège d’une châtellenie, et voit se multiplier maisons nobles, hôtels particuliers et châteaux. Huit monuments sont classés, vingt sont inscrits, et l’ensemble du village conserve une structure médiévale resserrée aux ruelles étroites. Son homogénéité architecturale, due à l’utilisation du grès rouge, lui vaut d’être classé parmi les "Plus Beaux Villages de France". Près de 700 000 visiteurs s’y pressent chaque année. Pour préserver ce joyau, la circulation automobile est interdite dans le bourg, les réseaux aériens ont été enfouis, l’éclairage nocturne a été repensé, et plusieurs espaces publics réaménagés. Des sentiers de randonnée sillonnent le territoire alentour, révélant les charmes de ce paysage rural structuré par les reliefs, les cultures et les bâtisses. Ainsi, Collonges-la-Rouge incarne avec force l’alliance entre patrimoine bâti et territoire agricole, entre histoire humaine et nature généreuse.
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