L’église Saint-Étienne-de-Braguse se dresse, en ruines majestueuses, sur un promontoire rocheux surplombant les cascades de Gimel. Son histoire remonte au VIe siècle, où la tradition rapporte que l'ermite Dumine y bâtit un oratoire après avoir renoncé à la guerre pour embrasser la solitude et la prière. Rebâtie au XIIe siècle et devenant église paroissiale, elle accueillit pendant plusieurs siècles la châsse de Saint-Étienne, attirant les fidèles et les seigneurs de Gimel qui choisissaient d'y reposer dans l'éternité. Son architecture, bien que partiellement détruite, conserve des éléments remarquables, notamment un clocher en pignon ajouré de deux baies et un portail sculpté encadré de colonnes. Une corniche ornée de modillons sculptés en surplomb évoque encore l'élégance du style roman qui la caractérisait. Désaffectée au XVIIIe siècle, l'église est aujourd’hui un lieu de mémoire, accessible par un sentier qui longe les vestiges du cimetière où reposaient jadis les nobles familles de la région.
Les cascades de Gimel, dont le tumulte résonne encore autour du sanctuaire abandonné, furent au début du XXe siècle au cœur d’une lutte entre conservation et industrialisation. Gaston Vuillier, artiste passionné par le Limousin, entreprit d'aménager le site en un parc naturel où les visiteurs pourraient admirer le Saut, la Redole et la Goutatière. Son projet fut menacé par Otto Streubel, industriel alsacien, qui envisageait de capter la force des chutes pour produire de l'électricité. Soutenu par des associations telles que le Club Alpin et le Touring Club de France, Vuillier engagea une bataille juridique qui mena à la classification des cascades comme site protégé en 1912. Aujourd’hui encore, le parc demeure un lieu prisé des promeneurs, offrant des panoramas impressionnants et des chemins bordés d’arbres, à l'image du parcours conduisant aux vestiges de Saint-Étienne-de-Braguse.
Les légendes entourant l'église et la région de Braguse persistent dans la mémoire collective. Bonaventure de Saint-Amable rapportait que les femmes étaient autrefois interdites d'accès à la chapelle, leur présence étant jugée funeste. Une histoire raconte qu'une cloche, après avoir roulé jusqu'au gouffre, fut presque remontée lorsque des femmes, prises d'un fou rire, lâchèrent les câbles, la précipitant à jamais dans l'abîme. Aujourd'hui, le site, bien que déserté, conserve une atmosphère mystérieuse. Le clocher-mur dégarnis, les tombes envahies de ronces et les croix héraldiques effacées par le temps témoignent d’une gloire écoulée, que seuls les échos des cascades semblent encore chanter. Ce lieu où nature et histoire se confondent invite à la contemplation, révélant un pan du passé médiéval du Limousin que l’on s'efforce aujourd’hui de préserver
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